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3 Questions à Christophe Hillairet, président de la Chambre d’agriculture de la Région Ile-de-France et administrateur d’Agdatahub.

Pourquoi les Chambres d’agriculture ont-elles choisi d’accompagner le développement d’Agdatahub ?

Les data sont devenues une vraie composante de l’exploitation agricole et, aujourd’hui, beaucoup d’expérimentations passent par leur usage. Il faut garder en tête que toutes ces données appartiennent à l’exploitant, il doit donc pouvoir décider à qui il veut les diffuser et pour quels usages. Nous ne voulons pas du modèle américain d’échanges des données agricoles basé sur une charte qui ne vaut pas grand-chose. La vérité, c’est que je produis du blé… et des données. Et ces données ont de la valeur ! Elle n’est pas forcément pécuniaire mais elle sert à l’exploitation et elle a une valeur empirique.

Les Chambres d’agriculture utilisent d’ailleurs énormément de données, issues des fermes expérimentales, ou collectent des pratiques agricoles, comme avec MesParcelles, solution de traçabilité pour éditer des itinéraires techniques. Le sujet de la donnée numérique agricole était donc un sujet stratégique à aborder, c’est ce qui a été fait dès 2014, avec le soutien à la plateforme d’échanges de données API-Agro initiée par les instituts techniques agricoles.

Agdatahub tient un rôle prépondérant dans la stratégie numérique des chambres. Nous avons d’ailleurs votée une délibération, il y a un an déjà : toutes les données qui serviront à alimenter un modèle ou une plateforme doivent être échangées via la plateforme API-Agro. Ensuite, il est nécessaire de bien caractériser les données. Nous avons aujourd’hui besoin qu’elles soient standardisées pour éviter des coûts supplémentaires et pour une meilleure fiabilité des données. Je pense opportun d’aller vers une labellisation de la donnée, un régulateur de process est aussi nécessaire pour donner de la valeur aux algorithmes. Selon moi, il manque encore une qualification ou une certification de la donnée et des algorithmes.

Christophe Hillairet

Pouvez-vous nous présenter la solution de gestion en ligne MesParcelles ?

MesParcelles est le leader français, avec 40.000 exploitants abonnés. Au départ, il s’agissait pour les chambres d’agriculture de proposer un outil de traçabilité. Puis, la solution a intégré la PAC et les aspects réglementaires. Il y a trois ans, nous avons ouvert une nouvelle voie. Faire de MesParcelles une plateforme. Il s’agit d’y brancher d’autres outils présents sur le marché comme Taméo (outil d’Arvalis)… Un outil de diagnostic carbone est aussi en réflexion. Notre objectif est clair : trouver de plus en plus de partenaires et de start-up pour que les entreprises s’y connectent et que les données soient échangées via la plateforme sécurisée API-Agro.

En tant qu’élu, je m’évertue pour que l’agriculteur ne soit plus le seul capteur de son exploitation… Il y a trop de saisie à faire, c’est pourquoi il est important de partager les données ! Nous en avons ras-le-bol de saisir les données pour cinq ou six solutions différentes qui ne parlent pas entre elles. L’interopérabilité de la donnée est une question majeure.

Un mot de votre quotidien de céréalier connecté ?

Je cultive 205 hectares de blé, orge, betterave à sucre, colza. Je fais aussi pension de chevaux et je suis un apiculteur passionné, en plein test de ruches connectées ! J’ai investi dans une moissonneuse batteuse connectée : je sais où elle est et quel est son rendement. J’ai aussi des tracteurs connectés, des stations météo… Je visualise tout depuis mon Smartphone. La gestion de mon exploitation se fait dans un quotidien millimétré car je dois passer beaucoup de temps à Paris. Alors, j’ai toutes les notices et les vues éclatées de toutes les machines sur le cloud, pour piloter mon salarié à distance, en cas de panne, par exemple. L’organisation des tâches se fait grâce à des notes partagées… Un quotidien qui ne serait pas possible sans le numérique.

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La stratégie numérique des Chambres d’agriculture

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