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La planification écologique dans l’agriculture : contexte et enjeux

La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est un enjeu stratégique de la planification écologique, dans l’agriculture comme dans les autres secteurs. Cependant, mettre en place une véritable démarche de planification écologique ne saurait se résumer à ce seul domaine. Dans le secteur agricole, en effet, les enjeux sont multiples. 

Sur le plan géostratégique, tout d’abord, la question de la souveraineté alimentaire – et avec elle, celles des exportations et importations – est centrale. A cela s’ajoute un enjeu économique fort autour des nombreuses exploitations en souffrance, de la juste rémunération des agriculteurs et du partage de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de production. 

La planification écologique induit par ailleurs une nécessaire adaptation des cultures au changement climatique, par lequel l’agriculture est l’un des premiers et plus durement secteurs touchés, tant sur les rendements que sur la disponibilité de la ressource eau. 

Le secteur est également l’une des premières victimes des événements exceptionnels (intempéries, incendies, sécheresse, etc.). Il doit aussi faire face à l’apparition de nouvelles maladies qui affectent les cultures. Enfin, la question de l’impact des produits phytosanitaires sur la biodiversité et les écosystèmes constitue également un enjeu de taille.

Des objectifs ambitieux pour le secteur agricole

Parler de planification écologique en agriculture, c’est donc prendre en compte tous ces aspects. De fait, le plan France Nation Verte, dont la synthèse a été dévoilée en juillet dernier, identifie en effet 6 familles (ou thématiques) pour agirDeux d’entre elles concernent directement les enjeux du secteur agricole : 

  • Mieux préserver et valoriser nos écosystèmes, notamment via la protection et la restauration de la biodiversité et des sols et la préservation de la ressource eau ;
  • Mieux se nourrir, notamment via la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’agriculture, une production agricole plus durable, une évolution de l’alimentation.

A titre d’exemple, parmi les grands objectifs ciblés dans le point d’étape réalisé quelques semaines avant la publication de cette synthèse figurent notamment la multiplication par 2 de la surface en agriculture biologique, le doublement des cultures de légumineuses, la multiplication par 5 des terres arables en agroforesterie ou encore la diminution de 15 % de la consommation énergétique des tracteurs. 

Si l’on ne saurait reprocher à ce scénario son ambition, il pose la question des moyens alloués pour le mettre en œuvre dans le secteur agricole. 

Les leviers pour financer la planification écologique

Pour financer cette participation à l’effort collectif, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau annonçait le 10 septembre 2023 une augmentation du budget de la Nation consacré à l’agriculture de près d’un milliard d’euros pour 2024 (qui viendra donc s’ajouter aux 5,9 milliards du budget agricole pour 2023). Reste à savoir comment les acteurs du secteur bénéficieront de cette enveloppe.

De leur côté, les exploitations agricoles peuvent bénéficier de trois grands ensembles de mesures de financement :

  • Le crédit carbone via le « Label Bas Carbone » qui propose des outils de certification carbone national afin de rémunérer une séquestration de carbone ou une réduction des émissions de GES. Le label est piloté par le ministère de la Transition écologique qui a approuvé 6 méthodes.
  • Les primes filières portées par des industries agroalimentaires qui souhaitent réduire les émissions de GES en amont de leur activité en rémunérant les exploitations qui mettent en place des pratiques vertueuses et durables. C’est le cas par exemple de la filière oléagineuse via le groupe Avril qui revend les graines durables plus cher et redistribue la valeur ajoutée aux agriculteurs (voir le focus « Ag Data Hub et ses partenaires : des mises en pratique vertueuses »).
  • La nouvelle PAC via des subventions qui peuvent financer une partie de cette transition par exemple pour la mise en place de structures agroécologiques, l’adoption de pratiques vertueuses (comme la mise en place de couverts inter-rang) ou la certification des exploitations. 

La data au cœur des mesures d’impact et de financement

Pour mettre en place toutes ces mesures, les données du secteur agricole jouent évidemment un rôle central. En effet, le plan France Nation Verte prévoit un certain nombre de « mesures d’impact » pour chacune des grandes thématiques identifiées. 

Parmi les premiers indicateurs prévus pour suivre « l’amélioration de nos écosystèmes » figurent par exemple l’évolution nette des surfaces en prairies et les kilomètres linéaires de haies. 

Pour « suivre les progrès de notre agriculture et de notre alimentation », ce sont les surfaces de cultures en légumineuses, la part de la surface agricole utile en agriculture biologique, les émissions CH4 de l’élevage ou encore les émissions des engins, moteurs et chaudières agricoles et sylvicoles qui ont été notamment identifiées. 

Or, seules les données issues du secteur, et plus particulièrement des exploitations agricoles, pourront permettre de mesurer cet impact des pratiques et son évolution. Un défi dans lequel Agdatahub compte bien accompagner ses partenaires (voir encadré ci-après « Agdatahub engagé pour une nation verte »).

Pour en savoir plus, voir article « Les data au cœur de la planification écologique »).

Le saviez-vous ?

Dans le secteur agricole, le CO2 n’est pas le GES le plus émis. Il s’agit du méthane (principalement lié à l’élevage) et du protoxyde d’azote (principalement lié aux engrais). L’objectif ciblé dans la planification écologique est de réduire les émissions de ces GES de 81 Mt CO2e/an en 2022 à 68 MtCO2e/an en 2030.

Agdatahub engagé pour une « France Nation Verte »

En tant que plateforme candidate au statut d’intermédiation de données agricoles et agroalimentaires, Agdatahub a pour objectif principal de garantir l’origine des données et des algorithmes pour sécuriser les diagnostics (voir article « Les data au cœur de la planification écologique ») et donc, les productions durables. L’identification, la mutualisation et la valorisation de ces données permet en effet aux acteurs du secteur agricole de travailler ensemble dans cette démarche de transition écologique.

Agdatahub s’inscrit ainsi pleinement dans la stratégie d’identification des données et des algorithmes pour sécuriser l’émission des crédits carbone voulue par le Gouvernement. Cette stratégie repose sur trois étapes : 

  • un diagnostic de la situation actuelle à l’aide de données fiables et certifiées, 
  • une projection à moyen terme de réduction ou de stockage de carbone avec un suivi régulier par des conseillers, 
  • un financement par le secteur privé via l’achat de crédits certifiés par l’État. 

Cette stratégie pose la question transverse de la construction de modèles standards de données et d’algorithmes pour les partager et les traiter.

Agdatahub dispose de l’expertise nécessaire pour accompagner chacune de ces étapes : fournir un accès sécuriséaux organismes générant et fournissant des données agricoles ; contribuer à la standardisation des modèles de données en tant qu’opérateur technique de l’association Numagri, et à la structuration de la collecte des données nécessaires aux outils d’aide à la décision (OAD) permettant d’optimiser leur utilisation chez les agriculteurs.

Matinale AID
standardisation données agricoles
Agridataspace policy brief