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Agrocarburants : la filière mise sur les données pour démontrer les réductions d’impact carbone

L’association 2BS accompagne les producteurs et négociants de carburants et biomasse dans leur certification de durabilité afin de démontrer le respect des critères fixés par la Directive Européenne sur les Energies Renouvelables (RED 2). Son objectif ? Promouvoir les énergies produites de sources renouvelables et ainsi faciliter la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les pays européens. Mais pour contrôler la chaîne et assurer la réduction des GES, il faut des données…

2BS a sollicité FarmLEAP, expert en traitement de données agricoles, et Agdatahub, qui opère une plateforme d’intermédiation de données agricoles. Le résultat de ce partenariat tripartite est un projet lancé en avril 2024 dont l’objectif est d’automatiser la collecte des données des exploitations agricoles et leur traitement, afin de faire valoir les productions agricoles. A terme, moins de paperasses et de contraintes administratives tout en permettant une valorisation des productions dans le secteur des biocarburants.

Durabilité des agrocarburants : un cadre européen

Agrocarburants FarmLEAP
Anaël Bibard, CEO de FarmLEAP.

La durabilité des cultures est un critère évalué au niveau européen par la Directive européenne sur les Energies Renouvelables (RED 2). « Cela porte, par exemple, sur les conditions à respecter quand on cultive sur une zone Natura 2000 ou sur une parcelle autrefois en prairie », illustre Anaël Bibard, CEO de FarmLEAP. Chaque année, il faut évaluer lesdites conditions pour les cultures liées aux agrocarburants.

Le second pilier de la Directive RED 2 consiste à démontrer que la fabrication et l’utilisation des agrocarburants émettent moins de gaz à effets de serre que celles d’un carburant issu d’une énergie fossile. Cette exigence demande de comptabiliser l’ensemble des données transférées tout au long de la chaîne d’approvisionnement pour calculer la somme des émissions de GES totale du produit. Ce calcul nécessite, de la ferme à la raffinerie, de concaténer des données relatives aux pratiques agricoles, aux intrants, au rendement, au stockage, aux étapes de transport et de transformation des matières premières.

Une collecte de données et des calculs chronophages

Jusqu’à présent, la collecte des données, la signature des déclarations et les calculs étaient réalisés manuellement par les conseillers des coopératives ou des négoces agricoles. Dès janvier 2022, 2BS s’est rapproché de FarmLEAP pour développer un outil, le 2BS Mapping Tool, permettant de tester la durabilité des cultures et de valider les parcelles provenant de zones durables en répondant aux exigences de la RED 2. « Notre plateforme a permis de réduire de 80 % le temps d’effort consacré à cette vérification réglementaire mais aussi environnementale, poursuit Anaël Bibard. Avec 2BS, nous accompagnons aujourd’hui quelque 500 coopératives, négoces et unités de méthanisation. »

Fier de l’efficacité et la précision du 2BS Mapping Tool, 2BS a souhaité continuer son engagement dans les processus de simplification à destination du monde agricole. L’objectif d’un nouveau projet mené depuis avril 2024 en trinôme par 2BS, Agdatahub et FarmLEAP est de faciliter le processus de certification et d’optimiser les process d’audits, en intégrant la vérification automatisée des calculs d’émissions des gaz à effet de serre.

Se connecter aux logiciels de gestion parcellaire

L’idée centrale du projet est de gagner du temps en automatisant la collecte des données nécessaires au calcul des émissions de gaz à effet de serre « en s’appuyant sur les données enregistrées dans des logiciels de gestion parcellaire dédiés aux agriculteurs et à leurs conseillers, détaille Anaël Bibard. Il s’agit d’interconnecter ces logiciels à l’outil de calcul pour faire la démonstration du gain de temps et de l’interopérabilité des données, le tout en toute sécurité et dans le respect des autorisations accordées par les agriculteurs. ».

En d’autres termes, le projet vise à démontrer qu’il est possible d’automatiser tout ou partie des calculs grâce aux données déjà renseignées dans les logiciels de gestion parcellaire, évitant ainsi les ressaisies multiples.

Pour ce faire, « FarmLEAP développe un calculateur destiné à remplacer les tableaux actuellement utilisés, explique Anaël Bibard. Nous intégrerons ce calculateur dans la plateforme Exchange de Agdatahub afin qu’il se connecte aux logiciels de gestion parcellaire. Nous développons les routes qui permettront cette connexion et Agdatahub gérera les autorisations des exploitations agricoles sans lesquelles nous ne pourrions pas récupérer les données ».

Pour les non-initiés, FarmLEAP développe la calculette et Agdatahub assure le transfert des données déjà disponibles vers la calculette.

Une solution de calcul bientôt testée sur le terrain

Après la phase de conception du projet, de ses spécifications et des fonctions à intégrer dans le prototype, « nous procédons à la digitalisation du calculateur pour que les calculs soient faits sur le serveur, décrit Anaël Bibard. Aujourd’hui, il nous faut montrer que cela fonctionne en termes de concept. L’étape suivante sera la connexion ‟par API” pour faire l’interface avec les logiciels ».

« Nous testerons à la rentrée la solution sur le terrain avec des agriculteurs, des coopératives et des négoces via la plateforme Exchange et la solution Consent de Agdatahub », prévoit Anaël Bibard. Ce sont leurs retours d’expérience qui permettront de voir à quel point la démarche est automatisable et généralisable : « Nous proposerons ensuite à 2BS une feuille de route pour l’industrialisation de la solution, c’est-à-dire pour que la systématisation des calculs soit faite chaque année. Cela réclame de la formation, de l’automatisation et de la connectique : cela concerne 3 millions d’hectares pour 2023, il faut donc que tout soit fluide avant diffusion à des centaines voire des milliers d’utilisateurs en France et même en Europe ».

Agrocarburants 2BS
Bruno Berken, directeur général de l’association 2BS.

Gagner 1 à 2 heures par an et par exploitation agricole

Les bénéfices souhaités sont importants : « Nous attendons notamment d’énormes gains de temps, pressent Bruno Berken, directeur chez 2BS. Avec le premier 2BS Mapping Tool, le temps nécessaire pour la gestion parcellaire a été divisé par cinq, ce qui représente une demi-heure par exploitation agricole chaque année. Avec ce nouveau projet, l’objectif est de gagner une à deux heures par an et par exploitation agricole ». Ce qui, à grande échelle, représente potentiellement des dizaines de milliers d’heures de travail au niveau des coopératives et négoces agricoles.

Un sujet de simplification administrative

« Grâce au cas d’usage actuel qui porte sur plus de 3 millions d’hectares en France, notre enjeu est d’avancer sur les échanges automatisés de données avec les administrations, notamment les données de la PAC, complète Anaël Bibard. A terme, nous voulons qu’un agriculteur puisse donner son autorisation et dire où se trouvent ses parcelles à ses partenaires sans perdre de temps au niveau informatique car, chaque année, ce sont des centaines de collaborateurs qui perdent des heures à réaliser un travail administratif fastidieux. L’idée est que ce cas d’usage avec 2BS permette une circulation éthique et responsable des données parcellaires, qui servira tous les maillons de la filière, dans le respect des autorisations émises par les exploitations agricoles ».

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