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Pourquoi est-il essentiel de miser sur les experts data dans le secteur agricole ?  

Parce qu’elles sont aussi incontournables qu’utiles, les données nécessitent d’être centralisées et organisées afin d’optimiser leur collecte, leur stockage, leur circulation et leur traitement. Comme tous les autres secteurs, le secteur agricole doit donc relever ce défi et se doter, pour ce faire, d’experts à la hauteur des enjeux. Parmi eux figurent les data managers, véritables architectes des systèmes de données.

Éclairage de Matthieu Pasquio, directeur général adjoint de La Coopération agricole,  fédération de coopératives agricoles dont la gouvernance repose sur les agriculteurs et qui a fait sien le sujet de la transition numérique agricole.

L’omniprésence des données et leur gestion ont entraîné l’avènement de nouveaux métiers dont celui de data manager. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Matthieu Pasquio : Le ou la data manager, c’est véritablement l’architecte de la data. Ce professionnel a pour fonctions de mettre en place la structure nécessaire pour collecter, gérer et analyser les données au sein d’une organisation. Dans le contexte des filières alimentaires, plus particulièrement, le rôle d’un data manager est crucial pour assurer la maîtrise des informations liées aux produits, à la production et à la chaîne d’approvisionnement.

Quelles sont ses missions ?

M. P. : Elles comportent plusieurs aspects. Il lui incombe, tout d’abord, d’organiser la collecte de données en rassemblant des informations issues de sources hétérogènes telles que les capteurs agricoles, les systèmes de suivi de la production ou encore les différentes bases de données. C’est également à lui que revient de s’assurer que ces données sont précises, complètes et fiables. Avec l’aide des data scientists, il pilote l’analyse et l’exploitation des données pour identifier des tendances, optimiser les processus et prendre des décisions éclairées. Enfin, sur le versant de la gestion des données, il les organise et veille à leur stockage afin qu’elles soient accessibles et utilisables par les différentes parties prenantes et autorisées, en garantissant leur sécurité.

Pourquoi est-ce une ressource indispensable pour les acteurs du secteur agricole, dont les coopératives que vous représentez ?

M. P. : Les consommateurs sont de plus en plus exigeants en matière de garanties sur les produits qu’ils achètent. En tant que coopératives, nous représentons trois agriculteurs sur quatre et sommes le prolongement des exploitations agricoles, à l’interface avec les marchés et les attentes des consommateurs. Nous relevons d’une logique de flux tirés : nous orientons la production en amont et sommes là pour préserver l’outil économique des agriculteurs. Les coopératives doivent être actrices des transitions écologiques et numériques et apporteuses de solutions. Et pour relever tous ces défis tout en répondant aux attentes des consommateurs, la maîtrise des données est essentielle. Les industries agroalimentaires doivent donc innover pour faire face à ces impératifs. C’est là que les data managers jouent un rôle clé dans la collecte et la gestion des informations sur les produits, qui vont non seulement garantir la qualité, la traçabilité et la sécurité alimentaire mais également permettre à l’industrie agroalimentaire d’innover et d’optimiser ses processus.

En quoi les data managers sont-ils également particulièrement précieux pour les organismes stockeurs ?

M. P. : Dans la mesure où les organismes stockeurs gèrent les stocks de matières premières agricoles, la maîtrise des données agricoles est essentielle pour optimiser les flux logistiques, minimiser les pertes et garantir la qualité des produits stockés. On voit donc combien un data manager est crucial pour ce type d’organisations.

Investir dans ces profils semble donc primordial pour les acteurs du secteur. Dans ce contexte, quel message souhaitez-vous adresser aux directions des coopératives agricoles ?

M. P. : Investir dans des profils types data manager est essentiel au regard des besoins – actuels et à venir – du secteur. Cela permet aux entreprises agroalimentaires de répondre aux attentes des consommateurs en matière de transparence et de traçabilité. Miser sur ces ressources humaines améliore également l’efficacité opérationnelle en optimisant les processus de production et de distribution. L’analyse des données offre aussi la possibilité d’anticiper les tendances du marché. Enfin, un management optimisé des données renforce la compétitivité en utilisant les informations pour prendre des décisions stratégiques. Si l’on devait résumer, les data managers sont des acteurs clés pour relever les défis de la numérisation et de la maîtrise des données dans le secteur agroalimentaire.

Data manager et data scientist : quels sont leurs apports spécifiques ?
Là où le data manager a pour mission de mettre en place une architecture de circulation de la donnée, le data scientist est chargé d’extraire les données des systèmes informatiques et de les analyser. Dans les secteurs agricole et agroalimentaire en particulier, le travail du data scientist « AgriTech » a pour objectif d’améliorer les processus de production via l’analyse de données scientifiques portant sur l’environnement, le sol et les techniques de production et la création de modèles, notamment en mobilisant l’Intelligence Artificielle (IA).

Matinale AID
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