Dire que les données intéressent tous les maillons des filières agricoles et agroalimentaires est donc un euphémisme. De la fourche à la fourchette, du champ à l’assiette, de la grappe au verre… On peut l’imager comme on veut mais le fait est qu’exploitants agricoles, conseillers techniques, éditeurs de logiciels spécialisés, coopératives, négociants, industriels, consommateurs : tous ont besoin que les données agricoles et agroalimentaires circulent… mais, bien sûr, pas n’importe comment.
Pourquoi la circulation des données du secteur agricole est-elle importante ?
Le secteur agricole est le deuxième producteur de données en France et en Europe. Ces données collectées sur les exploitations agricoles sont précieuses parce qu’utiles. Elles peuvent par exemple alimenter de nouveaux outils innovants (fournis par l’écosystème AgriTech) qui favoriseront une agriculture plus performante et durable. Un objectif, ou une ambition, qui met tout le monde d’accord, n’est-ce pas ? Mais pour cela, il est nécessaire que les données agricoles puissent être collectées, échangées et traitées de manière sécurisée.
Or, ne soyons pas naïfs, aujourd’hui la situation n’est pas idéale : hétérogénéité des données, problèmes de portabilité des données ou d’interopérabilité des plateformes, transformation numérique à plusieurs vitesses, confiance à gagner ou à construire, acteurs qui s’estiment assis sur un tas d’or, maturité digitale hétérogène suivant les acteurs…
Heureusement, des solutions émergent ou existent déjà pour la plupart de ces problèmes.
Un langage commun des données agricoles
La standardisation des données est la réponse à l’actuelle hétérogénéité des données. C’est pourquoi des acteurs de l’amont agricole, des filières et des entreprises privées sont réunis au sein de l’association Numagri. Au travers de plusieurs cas d’usage (au premier rang desquels celui des données d’alimentation animale porté par la filière laitière), il s’agit d’aboutir à des standards de données à l’échelle des filières afin que la circulation des data soit plus fiable et fluide.
Garantir la prise en compte des autorisations à l’usage des données
Une fois les standards en place et les freins à la circulation des données levés, les données doivent pouvoir s’échanger dans le respect des autorisations des exploitants agricoles ou des éleveurs. Au-delà d’un point de vue éthique, il s’agit d’une obligation réglementaire qui entrera en application après l’été. Eh oui, après le RGPD pour les données personnelles, l’Union Européenne va encadrer les données professionnelles via deux règlements fondateurs : le Data Governance Act et le Data Act.
>> Lire notre article : Réglementation européenne sur les données : décryptage du Data Governance Act <<
L’expression du consentement éclairé à l’usage des données et son respect font partie des éléments essentiels de ces évolutions réglementaires dont les premières rentreront en vigueur le 23 septembre 2023.
En France, des initiatives vertueuses sur la question de l’usage maîtrisé des données agricoles existent déjà, à l’instar du label Data-Agri. Les entreprises labellisées Data-Agri (une dizaine à ce jour) s’engagent contractuellement à respecter un ensemble de règles éthiques dans le traitement qu’elles font des données agricoles de leurs clients.
>> Lire le cas d’usage : Accompagnement à la labellisation Data-Agri de la start-up Elzeard <<
Au-delà de cet aspect contractuel, des gestionnaires d‘autorisations ou des outils d’administration des autorisations dédiés au secteur agricole se développent également (Agritrust, au hasard !). Ces outils vont permettre aux entreprises partenaires des agriculteurs et des éleveurs d’appliquer la réglementation européenne en garantissant la prise en compte de leurs autorisations à l’usage de leurs données. Le tout en toute sécurité, confiance et transparence, grâce à la technologie blockchain et à l’identité numérique agricole.
Les échanges de données au service des acteurs des filières agricoles
La sécurité doit aussi être prise en compte au moment d’échanger un fichier de données, par exemple. Fini les envois par simple mail, FTP ou en utilisant des technologies américaines, par exemple, sur lesquelles on n’a pas toute visibilité.
Là encore, des solutions existent. Difficile de ne pas citer notre plateforme d’échanges de données agricoles API-Agro : elle assure l’intermédiation entre émetteurs et acquéreurs de données multi-filières qualifiées, proposées sous forme de fichiers ou d’API, tout en utilisant des technologies souveraines.
A noter que le rôle d’intermédiaire de données sera régulé par l’Arcep, de même que le sujet de l’économie de la donnée.
POUR CONCLURE…
Depuis toujours, ce qui fait la force et la résilience du secteur agricole, et qui en fait un secteur économique à part, c’est le poids du collectif. C’est aussi valable pour faire aboutir les projets liés aux data agricoles. Ce n’est pas en mettant les données sous clés qu’on fera progresser l’innovation et qu’on pourra répondre aux enjeux actuels : le réchauffement climatique, la pénibilité des conditions de travail, la traçabilité…